À propos de Frank H Sobey
Frank H. Sobey (1902-1985) a grandi à Stellarton, en Nouvelle-Écosse, où son père John William (J.W.) Sobey exploitait un commerce de viande. Dès son adolescence, Frank travaille dans l’entreprise familiale, qui a alors un service de livraison de viande et possède un magasin offrant des produits agricoles locaux, des aliments pour animaux et des produits connexes. Frank parcourt les routes de campagne du comté de Pictou pour acheter des agneaux, et il affirma plus tard à ce sujet : « J’en ai appris plus sur les saines pratiques commerciales en faisant affaire avec les fermiers que nulle part ailleurs. En effet, de bonnes pratiques d’affaires sont le seul moyen de surmonter les risques liés à l’agriculture. Le fermier qui réussit est à la fois un comptable de coûts de revient et un agriculteur qui travaille fort. »
Très tôt, Frank s’intéresse au domaine des affaires. Il lit des publications comme The Financial Post, réalise de modestes investissements et s’inscrit dans une école de commerce locale.
En 1924, J.W. Sobey et son fils Frank officialisent leur partenariat d’affaires, et Frank persuade son père d’offrir une gamme complète de produits alimentaires. Deux ans plus tard, ils ouvrent un deuxième magasin Sobeys à New Glasgow. L’entreprise poursuit son essor dans le secteur de l’alimentation et, en 1939, elle compte six magasins régionaux et possède également des cinémas locaux, reflets de la passion de Frank pour le cinéma.
En 1946, Frank vend les cinémas et achète Barkers, une chaîne régionale comptant huit épiceries, une boulangerie et un entrepôt. Par ailleurs, il constitue en société Sobeys Stores Limited, première étape de l’expansion de la chaîne. L’année suivante, il ouvre deux épiceries libre-service de type payer-emporter, une grande nouveauté en ces temps où les magasins proposent un service complet et offrent généralement du crédit à leurs clients.
Parallèlement, en 1937, Frank est élu maire de Stellarton, une ville minière défavorisée ayant été durement frappée par la grande dépression. Pendant les 22 années où il exerce ses fonctions sans rival, Frank modernise les infrastructures de la ville, fait paver les rues, fait planter des centaines d’arbres et parvient à obtenir des fonds du gouvernement provincial pour employer des chômeurs dans la mise en œuvre de ces améliorations.
En 1957, à la demande du nouveau premier ministre de la Nouvelle-Écosse, Robert L. Stanfield, Frank devient président d’Industrial Estates Limited, l’organisme de développement industriel de la province. Il occupe ce poste avec succès pendant 12 ans, sans salaire. Parmi les entreprises attirées en Nouvelle-Écosse, mentionnons Michelin Tire, qui exploite encore aujourd’hui trois usines dans la province. Comme l’a affirmé le premier ministre Stanfield : « On ne peut pas recruter ou acheter cette sorte de talent. »
Bien qu’il consacre beaucoup de temps à la province, Frank continue de faire croître son entreprise, et ses trois fils occupent maintenant des postes de direction. En 1965, Sobeys exploite 46 magasins dans le Canada atlantique et deux en Gaspésie. Les investissements immobiliers de l’entreprise s’étendent au-delà des magasins pour inclure des centres commerciaux. Le premier centre commercial construit par Sobeys est le Avalon Mall à St. John’s. C’est le premier du genre à Terre-Neuve-et-Labrador et le plus grand à l’est de Montréal. En 1976, les actifs immobiliers sont transférés à Empire Company Limited, l’organe d’investissement de Sobeys qui est aussi propriétaire de pharmacies, d’entreprises de location de voitures, de concessionnaires automobiles, de sociétés d’assurance et de cinémas. Au moment du décès de Frank, en 1985, les activités de Sobeys dans le domaine alimentaire avaient progressé et l’entreprise qui ne possédait au départ qu’un seul magasin était devenue un important distributeur alimentaire dans le Canada atlantique, comptant 5 281 employés dans ses 100 épiceries et dans ses divisions de vente en gros et de services alimentaires.
Parmi les autres réalisations de Frank H. Sobey et les distinctions qu’il a reçues, mentionnons qu’il est membre fondateur du Conseil de développement de la région de l’Atlantique, administrateur du Centre des arts de la Confédération et de plus de 20 autres entreprises et lauréat du Prix de l’expansion industrielle au Canada, du Knight of the Golden Pencil Award et titulaire de trois doctorats honorifiques. Il a également été intronisé au Temple de la renommée de l’entreprise canadienne et il est membre de l’Ordre du Canada.
Judith Ryan
Historienne et archiviste de Sobeys